Sale période, fin d’année chargée, rentrée déjà en cours de préparation, trop de choses à planifier.
Pas assez de repos, pas assez d’évasion, pas assez de temps.
Ca donne des insomnies à répétition, des heures passées à attendre, à chercher, et finir par se lever, par allumer la lumière, boire un grand verre de lait froid au chocolat, à sortir l’ordinateur. Autant que ça serve ces heures qui ne sont pas inscrites sur mon agenda.
De 3 à 6, ce sont mes heures.
Des heures rien qu’à moi, des heures difficiles parce qu’elles flinguent à coup sur ma journée, ma semaine, et puis elles me montrent que ça y est, c’est fini. Que l’accalmie des insomnies grâce à ma grossesse, c’est du passé, c’est bien terminé, ça reprend plus fort encore.
Ca a un côté pratique de ne consacrer que 4 heures à dormir sur une journée de 24, ça aide à griser la liste des choses à faire.
Mais ça rend un peu aigri aussi.
Les 3 huit, les adultes-bébés qui dorment 7, 8 heures par nuit, les jolies roses qui ne s’épanouissent qu’avec 10 heures de sommeil, les endormis précoces, qui à peine la joue sur l’oreiller partent pour un long voyage, les endormis dans les transports, les fatigués après 7 h de sommeil, les fatigués des sorties, les fatigués mondains, les stressés pour rien, les stressés salariés, les stressés sans enfant, les stressés homéopathie-dépendants, les stressés qui se soignent à coup de camomille et de fleur d’oranger, les stressés qui stressent de ne pas stresser. Ca ne rend pas très tolérant les insomnies, ça irrite.
« Prends un bain », « prends une tisane », « pas d’écran après 22h », « arrête le Coca », « lis un livre ». Tous ces bons conseils qu’on donne aux insomniaques, c’est comme soigner un cancer à base de doliprane. Ca ne rend pas très tolérant les insomnies, ça irrite.
Un coup d’eau fraiche sur le visage, une bonne couche de crème pour hydrater, un verre d’eau fraiche, le secret des stars américaines pour un teint parfait, le 1er geste beauté. Aller sur la pointe des pieds ouvrir la porte de la chambre de ma fille, la regarder dormir, et espérer qu’elle n’aura pas droit au Nopron et autres trompe-le-sommeil. Se demander à quel âge ça a bien pu commencer, et se souvenir des dernières nuits complètes, avec nostalgie. Qu’est-ce que j’ai fait / pas fait, fait différemment cette nuit là ?
Attendre des heures, guetter le ciel, voir ses couleurs devenir plus vives, ouvrir la fenêtre pour guetter le chant des oiseaux, mettre ses chaussures et faire quelques pas dehors, un bol d’air frais après des heures de chaud, et se dire « ca y est, c’est terminé »,
Une de moins, une de plus.
